La fin de la mondialisation?
Par Peter G. Hall, Vice-président et économiste en chef. EDC
"Nous avons eu pas mal de temps pour réfléchir à une question qui s'est posée avant que la récession nous frappe, il y a un peu plus de trois ans. On discute encore de la fin de la mondialisation, et plus la planète lutte contre l'inertie de sa croissance, plus il est probable que la discussion devienne encore plus animée. En pareil contexte, l'issue est-elle alors déjà claire – le tissu du commerce mondial commence-t-il vraiment à s'effilocher? De nombreux arguments ont été avancés pour démontrer la fin de la mondialisation, le néoprotectionnisme des premiers jours de la récession étant sans doute l'argument le plus convaincant. Les craintes de contagion sur les marchés financiers ont incité à parler de formes plus subtiles de protectionnisme réglementaire. Les risques pour les chaînes d'approvisionnement – mis en évidence par les catastrophes naturelles dévastatrices de l'an dernier –
ont amené à repenser le modèle actuel de la mondialisation. D'ailleurs, la crainte que la mondialisation soit responsable du creusement des écarts de revenu continue d'alimenter le scepticisme. Et puis, il y a l'argument de la durabilité : la mondialisation fait grimper en flèche le cours des produits de base, ce qui rend exorbitant le coût des expéditions internationales et provoque la délocalisation du commerce.
Les données contredisent le déclin de la mondialisation. En 2011, les exportations mondiales ont augmenté de 6,5 % jusqu'en octobre, soit près du double de la croissance du PIB mondial prévu pour l'ensemble de l'année. Les résultats récents sont inégaux, mais il y a plus de régions affichant une croissance nettement positive que de régions dans le rouge. L'investissement étranger ne s'est pas comporté comme prévu, mais puisqu'il est habituellement décalé par rapport au cycle, il est encore trop tôt pour se fier à cet indicateur.
La fin de la mondialisation serait une triste nouvelle pour les pays développés. En raison de la population vieillissante et, dans la plupart des cas, d'une faible productivité, la croissance annuelle collective potentielle devrait se ralentir autour de 1 à 2 %. Quand on pense que les marchés émergents peuvent maintenir une croissance de 5 à 6 % pendant encore longtemps, la stratégie de vente des économies développées devient évidente. Cette dynamique est au cœur des politiques audacieuses axées sur les exportations – annoncées depuis deux ans par les États-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et d'autres pays – et de la reprise des négociations commerciales bilatérales sur quelques fronts.
Les marchés émergents s'y mettent eux aussi. Même si la plupart de leurs exportations de biens finaux ont été destinées aux marchés développés au milieu de la dernière décennie, la dynamique de la croissance modifie lentement le paysage. De plus en plus conscients de leurs relations d'interdépendance, les marchés émergents parlent davantage de commerce Sud-Sud et négocient leurs propres accords commerciaux, bilatéraux et multilatéraux.
Alors, les arguments de la mort annoncée de la mondialisation l'emportent-ils? Heureusement, la rhétorique protectionniste semble être restée une simple rhétorique. Les multinationales s'adaptent pour tenir compte des risques liés aux chaînes d'approvisionnement, mais rien ne laisse croire à un désengagement généralisé. Quant aux produits de base, le récent tassement des cours a émoussé l'argument de la flambée, et un examen des facteurs fondamentaux de l'offre et de la demande ne permet pas de conclure de façon probante que des spirales débilitantes des cours s'annoncent à court terme.
Les inquiétudes à propos de la disparité des revenus semblent rester fortes, et elles sont toujours amplifiées quand la conjoncture économique est faible. Le test décisif sera la durabilité de cet argument pendant la prochaine phase de croissance.
Conclusion? Sur la base de ces arguments, il est difficile de conclure que la mondialisation bat de l'aile. Si l'on accepte le principe que l'objectif véritable de la mondialisation est de créer une prospérité mondiale collective en misant sur une efficience accrue du commerce, force nous est de constater que la fin de la mondialisation, sous sa forme actuelle, n'est pas imminente".
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*A SUIVRE...!*
Bien à vous,
Morgane BRAVO
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